Le journalisme à l’épreuve de la Présidentielle 2017

le 25 septembre de 14 h à 18h30

391 rue de Vaugirard, salle des conférences de Paris II

 Chaque élection présidentielle constitue une forme de précipité de l’état des relations entre politiques (à commencer par les candidats) et les médias d’information.

La très longue campagne 2016-2017 met en lumière le déclin d’une fonction première des médias, celle de sélection, de choix des faits, des événements, des sujets qui méritent d’être portés à la connaissance du public. Ce qu’il est convenu de qualifier de rôle de «gatekeeper».

Deux manifestations de ce phénomène sont identifiables :

  1. le contournement des médias traditionnels par les candidats ;
  2. la profusion de fausses nouvelles, de faits erronés, etc. de la part des politiques ou d’émetteurs entendant interférer sur l’issue du scrutin.

Elles ont fait l’objet de deux tables rondes de nos Entretiens de rentrée coorganisés avec l’ODI:

Contournement des médias d’information par les candidats

Compte-rendu (PDF)

Le contournement des médias d’information et des journalistes spécialisés dans le suivi de la politique devait prendre des formes variées. Il peut être observé et décrit, par l’utilisation de Twitter par En Marche et le candidat Macron. Il peut aussi être analysé à partir de l’expérience de l’investissement de YouTube qu’aura fait Jean-Luc Mélenchon. Quelles sont les répercussions de ces stratégies de communication sur le travail des journalistes dans le traitement de la campagne et au-delà de l’actualité politique?

Animateur: Jérôme BOUVIER, discutant: Rémy RIEFFEL

Avec Jean-Marc FOUR (France Inter), Bruno JEUDY (Paris Match), Marie-Cécile NAVES (Iris/Dauphine), Céline PIGALLE (BFM), Virginie SPIES (Université d’Avignon), Michel URVOY (Ouest-France).

Fausses nouvelles, rumeurs, intoxications et issue du scrutin

Compte-rendu (PDF)

La multiplication des fausses nouvelles, le développement de rumeurs et diverses formes d’intoxications par les candidats, par des soutiens proches ou indirects (Françaisdesouche, Russia Today, Sputnik, etc.) seront d’abord rappelés, et décrite. En contrepoint seront abordées les réponses imaginées par les rédactions, à commencer par le fact checking, le développement de démarches mutualisées, telles Crosscheck, ou de transparence, tel que le «making of» de l’AFP. Comment se manifestent les perceptions des publics à l’égard des fakes news et du fact checking? Quelle peut être l’efficacité du fact checking sur les enjeux déontologiques des dérives observées pendant l’année électorale pour les journalistes et leur publics.

Animateur : Patrick EVENO, discutante : Marie-Christine LIPANI

Avec : Claire BERTHELEMY (L’Imprévu), Marie BOHNER (Crosscheck), Bruno DENAES (Radio France), Gael FAVENNEC (AFP), Nicolas KACIAF (SciencesPo Lille), Samuel LAURENT (Le Monde).

Synthèses croisées (PDF) 

Gérard COURTOIS (Le Monde) et Arnaud MERCIER (Paris 2).

A écouter ici 
      1ére partie (durée 1h53mn)

A écouter ici 
      2e partie (durée 2h11mn)

Blogs

Vers des rédactions ouvertes?
Blogs de journalistes et réseaux sociaux

Vendredi 17 mars 2017,  9h15

Ils créèrent leurs blogs dans les années 2000. Dans la décennie suivante ils investirent sur un mode personnel les premiers réseaux sociaux.

Quelle place prend cet exercice singulier du journalisme au côté ou au sein des rédactions? Ouvre-t-il un chemin qui conduit aux «rédactions ouvertes» où un noyau de permanents orchestrera l’activité d’indépendants, free-lance, et différents formats de collectifs (agences, start-up) ?

Animateur : Jean-Marie CHARON (Ehess).

Avec :

Jean- Sébastien BARBEAU* : Enseignant à l’IUT de Lannion, en thèse avec Rémy Rieffel (IFP).

Mélissa BOUNOUA : Rédactrice en chef adjointe de Slate, alias « Misspress » 279.000 abonnés !

Clara SCHMELCK : Rédactrice en chef adjointe à Intégrale, formatrice en école de journalisme, co-organisatrice du printemps des médias (20.900 abonnés).

Jonathan HAUVEL : Formateur à l’IHECS, animateur du Bruxelles Bondyblog.

Corinne AUDOUIN : journaliste au service enquêtes-justice de France Inter, chargée de suivre les procès. (live tweet) 16 200

Isabelle BORDES : journaliste à Ouest-France, secrétaire générale à la CFDT Journalistes.

Grégoire LEMARCHAND : Adjoint au rédacteur en chef, responsable des réseaux sociaux à l’AFP. 15.400 abonnés.

*Lire le texte d’introduction de Jean-Sébastien Barbeau (PDF)

Le traitement médiatique de l’attentat de Nice

Les Entretiens de l’info et l’Observatoire de la déontologie de l’information

avec le concours de l’Organisation internationale de la francophonie (association MEDIAF)

Mardi 20 septembre 2016, (Université Paris 2, 391 rue de Vaugirard, 75015 Paris)

Le traitement journalistique des attentats est par définition à haut risque. L’attentat de Nice le 14 juillet dernier a révélé des fragilités et des défaillances particulières qui tiennent tant à l’évolution des moyens d’information (réseaux sociaux), qu’aux conditions particulières de celui-ci. Un débat s’est ensuivi venant tant des rédactions, que d’intellectuels, politiques et expressions du public.

Forts de l’idée qu’il ne peut y avoir d’évolutions positives du traitement de l’information sans procéder à des retours répétés sur les problèmes rencontrés, Les Entretiens de l’Information en collaboration avec l’Observatoire de la Déontologie de l’Information, ont organisé une rencontre de débats et de réflexions. Celle-ci a réuni tant des journalistes et responsables de rédactions que des responsables politiques et des acteurs de la société civile.

 

Table ronde 1
Interférences dans le circuit de l’information:
les réseaux sociaux et les images amateurs (sources, vérification, diffusion)

A écouter ici 
      Le traitement médiatique de l’attentat de Nice - 1ére partie

Lors des attentats, circulent instantanément sur les réseaux sociaux témoignages, vidéos, conseils, «on dit», etc. Pour les médias, ils sont des sources, des faits et des documents à vérifier, des rectifications et des mises au point à fournir dans des délais très courts. Retour sur Nice.

Animateur: Jean-Marie Charon. Discutant: Jérôme Bouvier

avec Denis Carreaux, directeur de la rédaction de Nice-Matin, Anne Kerloch, 20 Minutes, Grégoire Lemarchand, équipe des réseaux sociaux à l’AFP, Sylvain DesjardinsRadio Canada, Nicolas Vanderbiest, université catholique de Louvain

Table ronde 2
Faits, victimes, auteurs d’attentats:
que nommer? que montrer?

A écouter ici 
      Le traitement médiatique de l’attentat de Nice - 2e partie

Après Nice, durant l’été, des citoyens, des politiques et des rédactions ont questionné la diffusion d’images des victimes ainsi que la façon dont les assassins ont été présentés dans les médias. Certains prônent le silence, l’absence d’image, tandis que d’autres insistent sur la valeur informative.

Animation Patrick Eveno – Discutante Sophie Jehel, maîtresse de conférences à l’université Paris 8,

avec Marie-Laure Augry, médiatrice des rédactions de France 3 (France Télévisions), Fethi Benslama, psychanalyste, professeur à l’université Paris 7, Marine Brenier, députée des Alpes Maritimes, adjointe au maire de Nice, François Ernenwein, rédacteur en chef à La Croix, François Jost, professeur à l’université Paris 3, Juliette Méadel, secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes, Gérôme Truc, sociologue, chargé de recherches au CNRS

Conclusion par Pierre Ganz, vice-président de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information (synthèse et recommandations de l’ODI)

Le journalisme et les chiffres

Les Entretiens de l’info, en partenariat avec l’Idies et l’IPJ

Université de Dauphine

2 mai 2016

 

Le journalisme et les chiffres

La conférence est à écouter ici:  

      Le journalisme et les chiffres - 2 mai 2016

 

Les chiffres sont omniprésents dans le traitement de l’information, qu’il s’agisse de social, d’économies, de sondages d’opinions, de déclarations politiques ou encore de santé, d’environnement de sciences et techniques. Les journalistes, majoritairement de formation littéraire, rencontrent bien souvent des difficultés à travailler cette matière.

En même temps la vérification (fact checking), les données (data  journalisme) figurent parmi les domaines qu’investissent les médias. C’est dire combien la rencontre des journalistes et chiffres appelle réflexion et discussion.

Trois questions ont guidé ces entretiens:

Comment s’y prend-on pour traiter des chiffres dans les rédactions ?

Comment parler chiffre dans une école de journalisme ?

Quelle autorité du chiffre dans l’information ?

 

Table ronde n°1 : Le traitement des chiffres par les rédactions – Etat des lieux

(14h00-15h30)

Animation : Aurore LALUCQ (Institut Veblen), discutant : Guy BERNIERE.

Comment traite-t-on des chiffres dans les rédactions (différents médias, niveaux hiérarchiques et spécialités – regards extérieurs).

Avec Samuel LAURENT (Le Monde), Didier POURQUERY (The Conversation), Béatrice BEAUFILS (Pénombre, Paris VIII), Nicolas JACOBS (France 2), Jean-Marc FOUR (France Inter), Roland CAYROL (Cevipof – Sciences-Po)

 

Table ronde n°2 : Comment parler des chiffres dans une école de journalisme ?

(15h45-16h30)

Avec Pascale COLISSON (IPJ), Sylvain LAPOIX, Robin RYDER (Ceremade / Dauphine), Jean-Baptiste CAILLET (étudiant IPJ)

 

Table ronde n°3 : L’autorité du chiffre en questions

(16h30 – 18h)

Pourquoi avoir recours aux chiffres, dans quelles circonstances, à quel propos, qu’en attendent les rédactions ? Débat sur l’autorité du chiffre.

Animation : Jean-Marie CHARON (Entretiens de l’Information)

Avec Cédric MATHIOT (Désintox Libération), Karen BASTIEN (Wedodata), Philippe ONILLON (AFP), Romain VERLEY (Cash investigation), Philippe FREMEAUX (Alternatives économiques et IDIES).

 

Inscriptions via facebook

Informer sur les guerres de l’armée française.

INFORMER SUR LES GUERRES DE L’ARMEE FRANCAISE.

En partenariat avec l’INA et L’Association des Journalistes Défense (AJD)

26 juin 2014 à l’INA (83 rue Patay, 75013)

Plusieurs interventions de l’armée françaises se sont déroulées au cours des dernières années, posant à nouveau aux rédactions la question du mode de traitement de ces guerres. Les Entretiens reviennent sur les transformations qu’a connues l’armée française et l’information qui est faite à ce sujet, ainsi que sur la question de la prise de risque des journalistes pour traiter les conflits armés.

 9h – 9h30: Transformations des armées françaises

Vincent DESPORTES : général

9h30 – 11h: L’information sur les missions de l’armée française

Animateur : Jean-Marie CHARON
Pierre BABEY : retraité France 3
Bruno FANUCCHI : Association des journalistes défense.
Jean GUISNEL : Le Point
Jean-Dominique MERCHET : L’Opinion

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11h – 13 h: Couvrir une intervention française: Autonome ou embedded?

Animatrice : Jacqueline PAPET
Anne-Claire COUDRAY : TF1 (à confirmer)
Claude GUIBAL : Radio France
Thomas HOFNUNG : Libération
Vincent HUGEUX : L’Express
Thomas MOLLARD : Lt-colonel DICOD (à confirmer)
Omar OUAHMANE : France Culture
François ROBINET : Université Versailles – Saint Quentin

 

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14h30 – 15 h: Grand témoin: Pierre BAYLE (DICOD)

15h-17h00: Prise de risque, jusqu’où?

Animateur : Jérôme BOUVIER (Radio France)
Edith BOUVIER : Free-lance (sous réserve)
Jean-Marc FOUR : France Culture
Nicolas HENIN : Free-lance
Hala KODMANI : Free-lance
Cécile MEGIE : RFI (sous réserve)
Alain MINGAN : RSF
Alexandra SCHWARTZBROD : Libération

 

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Informer en temps réel

En collaboration avec l’INA, 19 février 2013

Chaînes d’information en continu, live des éditions spéciales des radios et télévisions généralistes, tweets et liveblogs l’information en temps réel s’impose désormais a propos de temps forts de l’actualité politique, judiciaire, économique, etc. Cette information en temps réel n’est pas sans impact sur l’activité des journalistes, comme sur le contenu de l’information produite. Les Entretiens de l’Information proposent de s’interroger sur cette évolution qui a marqué le traitement de l’information de ces derniers mois.

 

Table ronde n°1: L’information politique en boucle et en accéléré.

L’exemple de la crise à l’UMP en 2012

Animateur : Jean-Marie CHARON, discutant : Cyril LEMIEUX (Ehess)

Table ronde avec : Julien ARNAUD (iTélé), Frédéric DUMOULIN (AFP), Eric DUPIN (indépendant, blogueur), Nabil WAKIM (Lemonde.fr), Laurent DE BOISSIEU (La Croix / Ipolitique), Arnaud MERCIER (Université Paul Verlaine, Metz)

Diffusion du documentaire de Charlotte Penchenier « Plus belle l’info »

 

Table ronde n°2: L’information judiciaire en temps réel.

Le traitement en live-blogging du procès d’Oslo par Valérie JEANNE-PERRIER  (CELSA)

Table ronde, animée par Patrick EVENO (professeur à Paris 1), discutant : Denis SALAS (Magistrat, ENM, Ehess).

Avec Henri DREYFUS (TF1), Annik DUBIED : (Université de Genève), Valérie JEANNE-PERRIER (Celsa), Claire SECAIL (CNRS), Bernard LE SOLLEU (Ouest France).

 

Compte-rendu (PDF)

Informer en temps réel, mars 2013

L’économie, star de la présidentielle – Compte rendu

Les Entretiens de l’information et l’Institut pour le développement de l’information économique et sociale (www.idies.org) ont organisé conjointement, le 14 mars dernier, une journée d’échanges et de réflexion intitulée «l’économie, star de la présidentielle», dont l’objectif était d’interroger la place prise par l’économie dans la campagne, mais aussi et surtout d’analyser comment les médias se sont saisis de cet objet.

Une première table-ronde était consacrée à «la hiérarchie et le traitement de l’information économique dans l’actualité politique». Animée par l’auteur de ces lignes,  elle a réuni des responsables de rédaction de l’audiovisuel – Cyril Auffret (TF1) et Philippe Chaffanjon (France Info) -,  de la presse quotidienne régionale – Alain Peudenier (Ouest France) et Francis Laffon (L’Alsace) – et de nouveaux médias – Isabelle Germain (LesNouvellesNews) et Pascal Riché (Rue89).

Il en est ressorti que ni les grilles et chemins de fer, ni l’organisation des rédactions n’ont été modifiées pour prendre en compte l’importance des sujets économiques dans cette campagne.  Plus généralement, l’économie semble demeurer encore un sujet à part pour une partie de ces responsables de rédaction.  Et quand on affirme lui donner une grande importance, c’est souvent en la cantonnant en partie dans des approches «services» (rubriques placements, finance personnelle) ou «entreprises». En revanche, elle n’est pas toujours perçue comme relevant du débat politique.

Exiger des journalistes économiques qu’ils aient reçu une formation spécifique n’apparait pas non plus comme une nécessité pour une partie des participants.  Au contraire,  un journaliste non spécialisé apparait comme la garantie d’une certaine «fraîcheur» dans l’approche des sujets, gage d’un traitement accessible au lecteur ou au téléspectateur. L’idée qu’un journaliste non spécialisé risque de se faire manipuler par ses interlocuteurs et pourrait en conséquence répéter sans grande capacité critique les messages des décideurs et autres experts ne semble pas une préoccupation majeure.  On compte sur les rédactions en chef pour éviter ce type d’écueil.  En fait, le journalisme apparait d’abord comme une technique, et les discussions au sein des services semblent porter plus sur la mise en scène des sujets, les modes de traitement, que sur les angles ou sur le fond.  En pratique, la dimension souvent technique voire rébarbative de l’économie,  conduit les rédactions en chef à chercher des modes de traitement qui puissent retenir l’attention des téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs.  D’une manière générale, on privilégiera plutôt les sujets qui peuvent être incarnés dans des aventures personnelles, du reportage de terrain racontant une histoire : une entreprise en difficultés ou une success story, la vie d’un ménage aux fins de mois difficile au, au contraire, la vie des exilés fiscaux à Bruxelles ou Genève… Le souci est d’éviter le discours rébarbatif de l’expert qui parle des causes du chômage devant l’image d’une agence de Pôle Emploi ! Certains participants ont exprimé de la même façon une certaine méfiance à l’égard des statistiques,  préférant les histoires à dimension humaine. Pour autant, certains responsables de rédaction, et notamment Cyril Auffret, de TF1, estime qu’on peut concevoir de nouvelles manières d’aborder les thèmes les plus abstraits, en faisant preuve de pédagogie, et notamment en mobilisant des graphiques animés.  Notons enfin que les sujets économiques ont souvent occupé une large place dans les rubriques spécifiques mises en œuvre à l’occasion de la présidentielle. Ainsi, les pages «grands débats» introduites par des quotidiens comme Ouest-France ont traité de nombreuses thématiques économiques (inégalités, fonctionnement de Pôle emploi, fiscalité…). Parallèlement, des enquêtes de terrain sur des questions économiques et sociales au cœur du débat sont venues éclairer les lecteurs (ex : la face cachée du modèle allemand, la Grèce dans la crise, etc.)

La deuxième table-ronde traitait du «choc des domaines et des compétences». Animée par Loïc Hervouet, ancien directeur de l’ESJ, elle réunissait des journalistes de différentes spécialités et provenant, là encore, de différents médias : Odile Benyahia-Kouder,  grand reporter au Nouvel Observateur, Nicolas Cori, responsable du service investigation à Libération, Bruno Francesci, chef du service informations sociales de l’AFP, Sandra Moatti, rédactrice en chef adjointe d’Alternatives Economiques, Philippe Lefébure, chef du service économique de France Inter et Hélène Salvi, journaliste à Médiapart.

Si l’économie a parfois gagné ses lettres de noblesse dans l’actualité politique notamment depuis la crise, le constat dominant, s’agissant  de la division du travail au sein des rédactions, demeure que «la politique» au sens strict, demeure l’apanage des services du même nom, des services qui continuent de dominer les rédactions.  Ainsi, les interviews des responsables politiques seront quasiment toujours réalisés uniquement par des journalistes issus du service politique, bien qu’ils maîtrisent souvent mal les questions économiques et sociales. Privilégiant une approche tactique des questions politiques, ils ne contestent guère, sur le fond, les propositions des responsables politiques en matière économique et sociale et les considèrent surtout comme un élément de leurs stratégies d’affirmation et de différenciation face à leurs adversaires.  Ce qui ne les empêche pas, quand un sujet économique devient un enjeu politique, de chercher à s’en saisir ! Les raisons qui font qu’au final, ce soit les membres d’un service plutôt qu’un autre qui traitent un sujet peuvent cependant se faire de manière assez informelle. Ainsi, à l’AFP, la place est souvent au premier arrivé qu’il relève du service social, économique ou politique et certaines dépêches sont écrites à quatre mains.  A Libération, autre exemple, la hiérarchie se révèle dans la division du travail qui s’établit dans le traitement d’un sujet monté dans les pages évènement: le papier d’analyse reviendra le plus souvent à un journaliste du service politique tandis qu’il reviendra au service économique de faire l’entrée secondaire, plus technique.

Enfin, les services économiques rassemblent un nombre souvent très réduit de journalistes. Dans certains titres de la presse quotidienne régionale, on ne compte aucun journaliste économique. Mais même des médias d’information nationale comme France Inter ne comptent que quatre journalistes dans le service économique, alors que la rédaction d’un mensuel comme Alternatives Economiques mobilise une douzaine de rédacteurs spécialisés !  Cela limite la capacité d’investigation, rend plus dépendant de l’information transmise par les agences et conduit à recourir à des ressources externes (experts, chroniqueurs provenant d’autres médias).

La dernière table-ronde intitulée «De quelle économie parle-t-on ?», animée par Jérôme Bouvier, médiateur de Radio-France, réunissait des personnalités d’organisations de la «société civile», dont on attendait qu’elles jugent le travail des médias en matière économique.  Sont ainsi intervenus Ahmed El Khadiri, d’Animafac, structure qui regroupe de multiples associations étudiantes, Nicole Maestracci, la présidente de la FNARS, Emmanuel Mermet, responsable économique à la CFDT, et Eric Favey, de la Ligue de l’enseignement.

Il en est ressorti, confirmant l’hypothèse formulée au départ, que le poids des thématiques macro-économiques dans la campagne présidentielle avait pour effet de faire passer pour partie à la trappe des questions économiques et sociales tout aussi essentielles, qu’il s’agisse d’enjeux liés à l’éducation, à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, etc.  Plus au fond, c’est le travail des médias qui s’est trouvé contesté. D’une part le fait  qu’on ne peut les intéresser à un sujet que pour autant qu’il y a quelque chose qui fait «évènement», ce qui incite à faire des manifestations qualifiées à raison de «médiatiques», qui permettront de faire un sujet, mais au détriment bien souvent du fond des dossiers.  D’autre part, la faible compétence, ou l’insuffisant travail des journalistes est incriminé, (avec l’excuse des moyens souvent insuffisants des rédactions).  Ainsi, quand un ministre dénonce l’assistanat, cancer de la société – en l’occurrence, Laurent Wauquiez -, nul ne songe à lui opposer le fait que les deux tiers des personnes susceptibles de bénéficier du RSA activité n’y ont pas recours, nul ne songe non plus à lui demander combien de titulaires du RSA socle, soi-disant enfermés dans l’assistanat au point qu’il faudrait leur imposer sept heures d’activité par semaine, se sont vu proposer deux offres d’emploi convenables par Pôle Emploi et les ont refusées !

De même, si le souci d’incarner systématiquement les sujets économiques et sociaux peut avoir un caractère pédagogique et provoquer une réaction d’empathie du téléspectateur, auditeur ou lecteur, elle tend aussi à prendre la forme d’histoire personnelle, relevant d’une sorte de fatalité et appelant une réponse d’ordre caritatif. Les facteurs généraux expliquant les situations personnelles disparaissent derrière le story telling. Le travail des médias dans le domaine économique et social peut dans le même mouvement proposer une approche assez catastrophiste des sujets sociaux, de la situation des personnes, sans nuances, puis donner la parole à un journaliste expert, qui devant son graphique, va tenir un discours d’autorité objectivant les contraintes et présentant les mécanismes économiques comme relevant d’une sorte de physique sociale à laquelle on ne peut échapper.

On terminera par une note optimiste, en observant, avec Eric Favey, que la hausse du niveau culturel conduit à élever le niveau d’exigence des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, et leur apporte les moyens d’une meilleure compréhension des sujets. Souhaitons que le travail des médias soit à la hauteur !

Philippe Frémeaux

Délégué général de l’Idies

L’économie, star de la présidentielle

Le moment de réflexion proposé par les Entretiens de l’information et l’IDIES (Institut pour le développement de l’information économique et sociale), en partenariat avec l’IPJ, sur « la place de l’économie dans la campagne présidentielle 2012» se déroulera le mercredi 14 mars 2012 de 10h00 à 18h30, dans les locaux de l’IPJ, 24 rue Saint-Georges, Paris 9ème (métro Notre Dame de Lorette).

10h15 – Ouverture par Jean-Marie CHARON (Entretiens de l’Information)

10h30-12h30
La hiérarchie et le traitement de l’information économique dans l’actualité politique

Animation : Philippe FREMEAUX (délégué général de l’IDIES / Alternatives Economiques)

– Quelle hiérarchie (ou absence de hiérarchie) entre politique et économique?
– Quelle gestion des services politique et économique pendant cette période?
– Quelle gestion volontariste de l’agenda, quel suivi -obligé- des candidats?
– Quel appel aux experts intérieurs et extérieurs, sur quels critères?

Cyril AUFFRET (TF1), Philippe CHAFFANJON (France Info), Jean-Luc EVIN (Ouest France), Isabelle GERMAIN (LesNouvellesNews.fr), Francis LAFFON (L’Alsace), Pascal RICHE (Rue89).

14h00-16h00
Le choc des domaines et des compétences

Animation : Loïc HERVOUET (ex-directeur de l’ESJ Lille)

– Quelle dimension économique dans l’information politique, dans l’information sociale?
– Quelle dimension sociale dans l’information économique, dans l’information politique?
– Quelle dimension politique dans l’information sociale, dans l’information économique?
– Frontières de compétences, espaces et méthodes de coopération, conflits potentiels, organisations…

Raphaëlle BACQUE (Le Monde), Odile BENYAHIA-KOUIDER (Nouvel Observateur) Nicolas CORI (Libération), Bruno FRANCESCI (AFP), Sandra MOATTI (Alternatives Economiques), Philippe LEFEBURE (France Inter)

16h15-18h15
De quelle économie parle-t-on ?

Animation : Jérôme BOUVIER (médiateur à Radio France)

– Quel regard portent ces publics sur le traitement de l’économie dans cette période?
– Quelles « mises au placard » d’autres thèmes provoque cette priorité à l’info macro- économique? (logement, banlieue, Europe, étranger, sujets de société à dimension économique et sociale…)

Ahmed EL KHADIRI (Animafac), Nicole MAESTRACCI (FNARS), Emmanuel MERMET (CFDT), Nicolas SADOUL (Ligue de l’Enseignement),

18h15 – Conclusion Philippe FREMEAUX (délégué général de l’IDIES)

Inscriptions auprès de Jean-Marie Charon

Pour la deuxième année consécutive, L’Observatoire des Médias est partenaire média des Entretiens de l’information

Pour la deuxième année consécutive, L’Observatoire des Médias est partenaire média des Entretiens de l’information

Ecoutez les Entretiens de l’information

Les dernières  rencontres des Entretiens de l’information peuvent désormais être écoutées en ligne:

Rédactions au futur, INA, 25 mars 2011
Expériences de rédactions
Quelle rédaction demain?
Regards croisés sur les blogs de journalistes et rédactions

Bouleversement des modèles économiques et information, INA, 13 octobre 2010
Les effets de la crise sur l’organisation du travail des journalistes
Fin annoncée des médias d’information généraliste ou recomposition?

Les médias font-ils l’élection ?

On les dit tout puissants ou, au contraire, fondamentalement inoffensifs: mais quel rôle jouent exactement les médias dans la dynamique des campagnes électorales?

Lors de cette demi-journée d’étude organisée en partenariat avec les Entretiens de l’information et l’Institut Français de Presse, des chercheurs en science politique et des sociologues viendront exposer l’état avancé de la recherche sur cette question et ouvrir le dialogue avec des journalistes.
A quelques mois de l’élection présidentielle de 2012, un partage de connaissances et un échange de vues qui s’imposait.

Le 13 décembre 2011

EHESS – Amphi François Furet
105 bd Raspail, 75006 Paris
(Métro N.D-des Champs ou Saint-Placide)

C’est le deuxième rendez-vous des Entretiens de l’Information dans cette année consacrée au traitement de la campagne pour l’élection présidentielle pour les médias. Il s’agit de se tourner vers les travaux de sciences sociales afin de revenir sur ce qu’ils nous disent de l’influence des médias en matière de débat public et de pratique des acteurs qu’il s’agisse des candidats eux-mêmes ou des électeurs.

Logiquement cet après-midi qui prendra la forme d’un séminaire élargi de l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), dirigé par Cyril Lemieux, sera organisé en deux temps. Le premier posera la question des effets des contenus médiatiques sur les candidats. Le second réfléchira aux effets de ces mêmes contenus sur les électeurs.

Les intervenants sont des chercheurs et universitaires qui échangeront avec quelques journalistes, ainsi que l’ensemble du public de cette rencontre qui est totalement ouverte, sous réserve de s’inscrire auprès des Entretiens de l’Information (jean-marie.charon@wanadoo.fr)

Programme

Les médias dans la campagne électorale : quels effets sur les candidats ? (14h00 – 16h00)

Animateur : Eric LAGNEAU (AFP)

14h10. Rémi LEFEBVRE (Université de Lille 2) : Le parti socialiste et les journalistes: l’imbrication croissante du jeu médiatique et du jeu partisan
14h50. Nicolas KACIAF (Université de Versailles-Saint Quentin) : La production de l’actualité en période de campagne: une logique d’économie du travail.

Discutant : Renaud DELY (Le Nouvel Observateur)

Les médias dans la campagne : Quels effets sur les électeurs ? (16h00 – 18h00)

Animateur : Rémy RIEFFEL (Institut Français de Presse)

16h00. Céline BRACONNIER (Université de Cergy) : Les campagnes font-elles la participation électorale ?
16h40. Pierre LEFEBURE (IEP de Bordeaux) : Les dynamiques de campagne électorale dans la formation des raisonnement des citoyens.

Discutant : Jacques GERSTLE (Université Paris 1)